Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LOYALISME COLONIAL

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Ils s'étaient, au commencement de 1808, organisés en une société secrète qui prit dès lors la haute main sur le mouvement révolutionnaire. Une des propriétés des Bolivar, aux environs immédiats de Caracas, servait de lieu de rendez-vous1 et ce fut là que, quelques semaines avant l'arrivée des émissaires du gouvernement impérial, Salias, Pelgron, Montilla, Rivas et quelques autres se réunirent pour désigner un chef. La candidature de Simon Bolivar, présentée par son frère Juan Vicente, parut un moment rallier les suffrages, mais l'on ne parvint pas à s'accorder2. Il semble pourtant que l'influence de Bolivar ait été prépondérante sur les initiatives habiles, fortes et décisives de ce groupe qui témoignait de plus en plus de son aptitude à tirer parti des événements et de la psychologie des masses populaires. Les officiers du Serpent sont encore sur la route de La Guayra à Caracas que Bolivar, en effet, accourt en ville et réunit ses amis chez Rivas dont la maison est à deux pas du palais; Bello les instruit de ce qui vient de se passer et « ces jeunes gens, ignorant encore l'art des révolutions et désireux d'en apprendre la pratique3», se répandent aussitôt par les rues, préviennent les affiliés du cabildo et « se mettent alors en devoir de jouer un rôle diamétralement contraire à leurs aspirations et aux véritables desseins qui les animent4 ». On les voit haranguer la foule, la convaincre, la déchaîner, lui dicter ses mouvements, l'écarter du quartier où sont réfugiés les français, l'entraîner devant le palais, lui souffler ses vivats et ses acclamations. Deux jours après, par Bello toujours, que les conseillers du capitaine général, pris de méfiance, font bientôt relever de ses fonctions de secrétaire, ils apprennent les détails de l'entretien de Casas avec le capitaine anglais Vida de Bolivar, op. cit., p. 41. Cf. MOSQUERA, Memorias, op. cit., p. 15. 3. « J'en ai reçu plus tard et d'eux-mêmes l'aveu, alors qu'ayant fait établir le gouvernement de leurs rêves, ils n'avaient plus d'intérêt à me céler leur secret », ajoute Diaz. Recuerdos, etc., p. 9. 4. Id. 1. LARRAZABAL,

2.


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