Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE PRÉCURSEUR

réaliser leur desseins. Miranda continuait, avec une vigilance inlassable, à diriger l'action des créoles dans toutes les provinces d'Amérique et leur faisait régulièrement parvenir des instructions formelles : « L'Espagne n'a plus de souverain, leur écrivait-il ; elle est livrée à une foule de partis contraires inféodés les uns à l'Angleterre, les autres à la France et qui cherchent uniquement, au moyen d'une guerre civile, à satisfaire leurs visées égoïstes... Il faut que chacun de vos cabildos assume le gouvernement représentatif des provinces. Envoyez ensuite des agents dûment autorisés à Londres... et nous étudierons ici ce qu'il conviendra de mieux faire pour assurer l'avenir du Nouveau Monde... Agissez prudemment et sans précipitation... Envoyez partout copie de la présente lettre... Nous devons nous acheminer tous ensemble à un but unique... Le manque d'union compromettrait notre salut et nos intérêts1. » Il s'en fallait cependant que cette communauté d'action, préconisée par Miranda, fût rigoureusement observée. Les champions de l'indépendance s'étaient scindés en deux partis différant d'opinion sur les moyens de réaliser le projet pourtant également désiré par tous. Le « pouvoir suprême de l'Espagne et des Indes » avait été transféré le 25 septembre 1808 à la Junte Centrale d'Aranjuez, d'origine plus populaire que celle qui l'avait précédée. L'un des premiers actes de la nouvelle assemblée avait été de proclamer que « les vastes et précieux domaines des Indes sont partie essentielle et intégrante de la monarchie espagnole ». Une « représentation nationale directe et immédiate » leur était désormais accordée 2. Mais en donnant aux Colonies ce témoignage de sa reconnaissance pour les secours qu'elles venaient d'envoyer à la métropole, la 1. Londres 24 juillet 1808. Lettre aux cabildos de Caracas, BuenosAyres, Mexico, Santa-Fé, Quito, La Havane, etc. R. 0. Foreign Office, Spain, 89. — BECERRA, op. cit., t. II, p. 504 et MITRE, Historia de San Martin, t. I, p. 50. 2. Décret du 22 janvier 1809, D. II, 373.


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