Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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PRÉCURSEUR

faitement averti des compensations importantes qu'elle trouvait, sans éclat et sans risques dans cette partie du inonde aux embarras du blocus. L'expédition de Miranda vint aviver ses alarmes car on ne doutait pas à Paris que l'ancien général de la République ne fût l'agent des Anglais. Joseph de Pons1, à qui la récente publication d'un Voyage à la partie orientale de la Terre Ferme2 donnait alors une certaine notoriété, fut chargé de rédiger un mémoire confidentiel3 où devaient être examinés les meilleurs moyens de faire pièce à la Grande-Bretagne et de s'opposer à ses desseins. « Si Miranda réussit, observait aussitôt l'auteur du mémoire, les Colonies espagnoles se détacheront successivement de leur métropole et l'Angleterre y fondera une puissance également funeste à la France, à l'Espagne et à tout le monde commerçant. Si même il échoue, contre toute vraisemblance, ses revers n'apporteraient aucun changement aux projets des Anglais. Il n'y a qu'un moyen de combattre ces projets : c'est que l'Espagne, désormais impuissante à garder ses colonies, en fasse la cession à la France Ce n'est qu'en plaçant sa puissante alliée au milieu de ses domaines menacés qu'elle peut espérer de braver les efforts que l'on fait et que l'on pourra faire pour les lui enlever. Or, il n'est pas de pays plus propre à remplir ce grand objet que la capitainerie générale de Caracas qui couvre également tout ce que l'Espagne possède dans l'Amérique méridionale, excepté la vice-royauté de Buenos-Ayres4. » Malheureusement les guerres d'Europe et l'infériorité numérique de la marine française laissaient les colonies américaines hors de l'atteinte de l'Empereur et le '•condamnaient à l'inaction. L'abdication des souverains espagnols parut apporter 1. PONS (François-Raymond-Joseph de), voyageur français, né en 1751 à Souston (Ile de Saint-Domingue), mort à Paris vers 1812. Agent de France à Caracas, il résigna ses fonctions vers 1792, se retira en Angleterre-et vint à Paris en 1804. 2. Op. cit., Paris, 1806. 3. Mémoires sur la cession de la Capitainerie Générale de Caracas à la France, 1806. Arch. des aff. Étr., Colombie, I (1801-1825). 4. Id.


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