Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LOYALISME

COLONIAL

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pour ainsi dire, personne 1 et comprit qu'il aboutissait au plus lamentable désastre. Il était à 80 lieues de Caracas, isolé de toute ressource, sur un point aride et misérable des côtes vénézuéliennes, et les officiers qu'il avait expédiés à la ronde pour publier l'arrivée des libérateurs, revenaient les uns après les autres annonçant l'hostilité des populations, le succès des autorités royales qui procédaient à des levées en masse. Il n'y avait plus qu'à constater l'inutilité de tout effort et se résoudre à l'abandon de l'entreprise. Miranda fit afficher sur les murs de la ville une proclamation expliquant sa conduite, rappelant aux Américains les motifs qui « devaient les porter à se détacher de l'Espagne et à suivre l'exemple des Etats-Unis dont les 300.000 habitants sont parvenus cependant à secouer le joug de la puissante Angleterre2 », puis il donna l'ordre du départ 3 (13 août 1806). En butte aux invectives de compagnons dépités, à la merci d'une attaque des flottes ennemies dont il eût presque souhaité la rencontre, tant il éprouvait de détresse au cœur et d'amertume, Miranda s'éloignait à nouveau de ces rivages qui lui avaient été cette fois plus cruels puisqu'il en était chassé par ses propres compatriotes. Le, Précurseur se désolait surtout, semble-t-il, d'avoir été faussement renseigné sur le véritable esprit des populations de la province de Coro, et pensait qu'il aurait eu plus de succès en établissant sur un autre point la base de ses opérations4. Il n'allait pas tarder à perdre cette suprême illusion. La prise de Buenos-Ayres 1. Dépêches de Miranda à l'amiral Cochrane et à l'amiral Dacres, commandant en chef à la Jamaïque. Quartier général de Coro, 6 et 8 août 1806. R. O. Admiralty Secretary. In letters, N° 256. 2. Proclamation de Miranda aux habitants du Sud-Amérique. Quartier général de Coro, 7 août 1806, dans BECERRA, op. cit., t. I, pp. 161, 169. 3. Miranda abandonna sur la plage de Coro le matériel d'imprimerie qu'il avait apporté. La colonie du Vénézuéla n'en possédait pas encore. Celui de Miranda fut utilisé pendant plusieurs années par les autorités royales. Histoire de l'Imprimerie au Vénézuéla, D. Il, MS. 1. The history of D. F. Miranda, etc., op. cit. Lettre XXV.


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