Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LOYALISME COLONIAL

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religion catholique et le droit de commercer librement avec l'Angleterre où nulle oppression n'existe... Le major général Beresford, gouverneur de Buenos-Ayres, se croit donc assuré du concours de tout bon citoyen, puisque ses promesses comblent les désirs des riches provinces de la Plata et ceux aussi de toutes les populations du Sud-Amérique1 ». Il n'en était rien cependant et Beresford eut à s'en convaincre aussitôt. Les habitants de Buenos-Ayres manifestaient des sentiments tout autres que ne les avait imaginés le chef de l'expédition; une agitation visible régnait dans la ville. Des patrouilles parcouraient les rues, ameutaient la population qui, revenant de sa surprise, menaçait à présent les Anglais enfermés dans la citadelle, maudissait le vice-roi et demandait un chef. A ce moment, un gentilhomme français au service de l'Espagne, le chevalier Jacques de Liniers2, dont la brillante figure se détache en un séduisant relief de pittoresque et gracieuse bravoure sur cette page de l'histoire américaine, arrivait à Buenos-Ayres. Il venait de Barragan, petit port des rives de la Plata dont la défense lui avait été précédemment confiée. Liniers comptait dans la marine espagnole depuis 1774, époque à laquelle il avait quitté le régiment de Piémont Royal-Cavalerie où il servait avec le grade de sous-lieutenant, pour s'engager comme simple volontaire sur la flotte de Don Pedro Castejôn. Il avait pris part, aux côtés de Miranda, à l'expédition d'Alger, puis à celle du Brésil en 1776. Adversaire irréconciliable et redouté des Anglais, les guerres qui, de 1780 à 1790, avaient mis aux prises l'Espagne et l'Angleterre, fournirent à Liniers l'occasion de se signaler sur toutes les mers. 11 fut promu capitaine de vaisseau en 1792 et chargé d'organiser une flottille de chaloupes canonnières avec laquelle il protégea les côtes de la Plata contre les incessantes 1. Déclarations du major général commandant en chef les troupes de S. M. B. Buenos-Ayres, le 28 juin 1806, doc. cit., par LOBO, t. III, p. 267. 2. Né à Niort le 25 juillet 1753. Y. sa Biographie par Jules Bichard, 1 vol. in-8°, Niort, s. d.


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