Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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MIRANDA

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l'Espagne et la France. Les agents des Comuneros, auxquels Miranda n'avait pas manqué de se joindre 1, se voyaient du reste éconduits à ce moment par les ministres de la Couronne, et les tentatives isolées du jeune agitateur pour obtenir un accès officiel étaient condamnées à n'avoir pas de meilleur résultat. La publicité qu'il avait donnée à ses démarches ne mit sérieusement en éveil que les espions du gouvernement espagnol 2. C'est seulement près de cinq ans plus tard, à son retour d'Égypte, que Miranda parvint à se faire écouter à Londres. Le moment était cette fois mieux favorable à ses desseins. Un échange de notes aigres-douces avait eu lieu entre le représentant du roi George à Madrid et le comte de Florida Blanca3, à propos de la possession de la baie de Nootka, sur la côte nord-ouest du continent septentrional de l'Amérique. Le vieil antagonisme de l'Espagne et de l'Angleterre se ravivait. William Pitt était au pouvoir, une ère de puissante prospérité s'annonçait pour la Grande-Bretagne, et le second fils de lord Chatham caressait le projet de venger la mort patriotique de son père en prenant sur la rivale traditionnelle et déchue une revanche des récentes humiliations. Pitt accéda, dans les premiers jours de janvier 1790, aux demandes d'audience de Miranda. Ce dernier se crut alors bien près du but qu'il poursuivait. La liberté d'action que l'explosion de la Révolution française laissait à l'Angleterre était de nature à favoriser encore les espérances des Sud-Américains. Ils pensaient que le commerce britannique ne laisserait pas échapper une occasion si propice de s'assurer de précieux avantages et, au cours des entrevues presque quotidiennes que Miranda avait à Whitehall, avec le 1. V. Rapport du comte d'Aranda au comte de Florida Blanca Paris, 22 juillet 1786, dans BRICENO, Los Comuneros, op. cit., Doc. 37, p. 238. 2. V. LOBO, Historia de las Antiguas Colonias, etc., op. cit., t. I, P. 341 note (a). 3. FLORIDA BLANCA (José Monino, comte de), homme d'État espagnol, né en 1728, mort en 1809. Ministre d'État de 1777 à 1792.


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