Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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PRÉCURSEUR

contemporain 1, sa polymathie, la gravité de sa conduite, le voile dont il l'enveloppait lui composent un personnage qui surprend autant par son ampleur que par son mystère. La France cependant venait de s'engager dans la tourmente révolutionnaire et s'apprêtait à lutter contre la Coalition. Miranda se devait de jouer un rôle sur « ce champ de bataille de ses idées 2 ». Il arrive à Paris le 25 août 1792. Le 1er septembre, il rejoint Dumouriez à Sedan avec le grade de maréchal de camp aux armées de la République. Dès le premier instant Miranda donna la mesure de ses capacités. C'est grâce à son admirable sang-froid que put s'effectuer, après la surprise des défilés de l'Argonne, la fameuse retraite des Islettes à SainteMenehould, qui sauva l'armée du désastre. Le 29 octobre, la citadelle d'Anvers se rend au premier lieutenant de Dumouriez. Quelques semaines plus tard, la popularité du général en chef mécontente les Jacobins, met Brissot en défiance et vaut presque à Miranda, à présent lieutenant général, le commandement suprême qu'il exerçait durant l'absence de Dumouriez. L'exécution de Louis XVI soulève alors l'Europe entière contre la France. La campagne reprend en Belgique et Dumouriez se laisse entraîner de plus en plus dans la terrible aventure qui va jeter à jamais l'opprobre sur sa mémoire. La première opération du plan qu'il prémédite est la prise de Maëstricht. Le 18 février, Miranda, chargé de cette attaque dont il a prévu les dangers, se voit forcé d'obéir. La place résiste, les Autrichiens arrivent et le 3 mars l'armée se replie sur Liège. Le peuple se soulevait dans les Flandres. Dumouriez qui, dès lors, est résolu à briser avec la République, écrit au président de la Convention sa fameuse lettre du 12 mars. Il la montre à Miranda dont la foi révolutionnaire se révolte : « Marcher sur Paris, s'écrie-t-il, comment et dans quel but ? » — « A la tête de l'armée, 1.

ch. 2.

BARRAS, III,

Mémoires publiés par Georges Duruy. Paris, 1895, t.

p. 36.

LAMARTINE,

Histoire des Girondins, liv.

XXVII,

chap.

II.

II,


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