Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

Page 170

158

LE PRÉCURSEUR

Par les Pays-Bas et l'Allemagne, où il séjourna quelques semaines encore, Bolivar gagnait Hambourg et s'y embarquait en septembre pour l'Amérique. Il arrivait bientôt à Boston, saluait avec enthousiasme les champs de Lexington et parcourait les principales villes de la jeune république. Le stage coach le conduisit à New-York si peuplée déjà, mouvementée, joyeuse, où la prospérité s'annonçait. Il visita Philadelphie, passa plusieurs jours à Washington, puis à Charleston où il prit enfin passage sur un navire de commerce appareillant pour les côtes du Vénézuéla. Il arrivait à La Guayra vers la mi-février 1807 l. Les événements qui s'étaient accomplis dans la colonie durant l'absence de Bolivar l'intéressèrent cette fois profondément et ce fut avec émotion qu'il en apprit le détail. Au moment même où la cage de fer contenant la tête sanglante d'Espana était hissée sur une potence à l'entrée du port de La Guayra le 19 mai 1799, les autorités de la capitainerie générale avaient découvert un nouveau complot. Son instigateur, Francisco Javier Pirela, officier aux milices des mulâtres de Maracaïbo, fut arrêté et condamné le 30 juillet 1800 à la détention perpétuelle avec dix de ses complices. La sévérité dont on usait à l'égard de ces conspirateurs sur qui ne pesaient, il faut le reconnaître, que d'assez vagues présomptions, semblait avoir assuré pour longtemps la paix au Vénézuéla, lorsque l'expédition du général Miranda vint la menacer à nouveau en 1806. Bien que cette tentative ne parût guère devoir produire plus de résultat que les autres, les circonstances qui avaient accompagné sa préparation, la hardiesse de son promoteur, les appuis dont on le savait disposer aux États-Unis et surtout en Angleterre, la possibilité de le voir reparaître au premier jour, avaient provoqué dans les cercles politiques de Caracas un particulier émoi. Le nom de Miranda, célèbre alors dans l'Europe entière, était prononcé avec ferveur dans les 1. Correspondance de A. Dehollain-Arnoux avec Bolivar. Doc., t. XII, pp. 289-292.

O'LEARY


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.