Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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ORIGINES DE LA RÉVOLUTION SUD-AMÉRICAINE

leurs haciendas1, Bello l'avait accompagné à la Silla del Avila. La famille du futur général Ibarra2 l'avait reçu, ainsi que Bonpland, dans cette propriété de Bello Monte, où, le jour des Rois de l'année 1800, Humboldt se crut transporté, comme il le disait lui-même, « en un palais de féerie. Le parc immense et très bien entretenu, orné de jets d'eau, de bosquets, de statues et de ruines pittoresques, avait servi de cadre à une fête somptueuse qui réunissait une société charmante où chacun rivalisa d'amabilité pour nous faire éprouver toutes les grâces de la civilisation la plus raffinée, avant que nous ne nous fussions enfoncés dans les forêts de l'Orénoque... »3. Chacune des étapes d'Humboldt et de son compagnon dans les capitales américaines avait été marquée par autant de témoignages d'empressement et d'estime. Ils avaient rencontré partout non seulement des hommes qui les avaient compris, mais encore des savants qui collaborèrent à leurs travaux, « américains ou espagnols, la plupart ingénieurs, marins, cosmographes, professeurs de sciences naturelles, possédant une instruction variée, pleins de vertus et de talent dont on pourrait — c'est toujours Humboldt qui le proclame — composer une liste de noms suffisante à l'illustration de tout un siècle4. » Mûtis avait, à Santa-Fé. donné l'hospitalité à ses savants confrères; il avait mis à leur disposition les trésors de ses meilleures collections et placé auprès d'eux, pour leur servir de guide, son élève préféré, Càldas5, « un vrai prodige, disait Humboldt, qui a su s'élever tout seul, construire des baromètres, des sec1. V. sur le séjour de Humboldt au Vénézuéla A. ROJAS, Estudios y Lecturas. Caracas, 1876, pp. 468 ss., 500 ss. 2. IBARRA (Diego), né à Guâcara en 1798, mort en 1837, fut aide de camp général de Bolivar qu'il assista à ses derniers moments. Il avait pris part à presque toutes les campagnes de la guerre d'Indépendance et s'était signalé par son intrépidité et ses connaissances militaires. 3. ROJAS, Estudios y Lecturas. op. cit., p. 476. 4. V. HAMY, Lettres américaines. etc., op. cit. Préface. — V. aussi Mémoires du Prince de la Paix D. Manuel Godoy, duc d'Alcudia, etc., 4 v. in-8° Paris 1836, t. III, ch. XVII. 5. V.suprà, ch. II, § 4, etc.


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