Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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ORIGINES DE LA RÉVOLUTION SUD-AMERICAINE

pour lui que sa fiancée. L'amour s'était emparé de son âme fougueuse et l'embrasait tout entière. Il était impatient de conclure son mariage, se désespérait des délais imposés par la prudence paternelle de D. Bernardo. Quelques mois passèrent ainsi. Le printemps revint, les Rodriguez partirent pour Bilbao. Bolivar resta à Madrid, attendant d'un moment à l'autre la réponse de son oncle. Au cours d'une promenade qu'il faisait dans les premiers jours d'octobre, il passait à cheval près du pont de Tolède lorsqu'une troupe de sergents de police l'arrêta, sous prétexte qu'il avait des diamants cousus à ses manchettes et qu'un édit récent interdisait cet usage. Bolivar descend de cheval, cherche à s'expliquer mais l'un des alguazils l'ayant interpellé avec quelque brusquerie, il tire l'épée et fond sur les sergents l'arme haute. Des passants arrivèrent à point pour empêcher l'affaire de prendre un mauvais tour. Peu s'en fallut qu'elle ne l'eût en effet. Godoy soupçonnant Bolivar d'être porteur de quelque message amoureux de Mallo pour la reine, avait imaginé l'expédient. On fit entendre au jeune officier qu'il agirait avec prudence en quittant Madrid. Ustaritz insista et Bolivar prit la route de Bilbao. Son dépit et sa rage de n'avoir pu se venger de l'affront qui venait de lui être infligé furent tels qu'en le voyant arriver en cet état, D. Bernardo le crut insensé. Bolivar voulait se marier sur l'heure et quitter à tout jamais l'Espagne. Il ne s'apaisa qu'à force de raisons. Le père de Maria Teresa lui déclara qu'il ne lui donnerait sa fille que plus tard et l'engagea à voyager. Force fut donc à l'impatient Bolivar de s'acheminer vers Barcelone d'où il s'embarqua pour Marseille. Il vint à Paris, y demeura tout l'hiver et rentra à Madrid au début d'avril 1802. D. Fernando del Toro avait mis à profit l'absence de son ami pour lui faire accorder sa grâce. Bolivar obtint donc l'autorisation royale indispensable aux officiers de son rang pour contracter mariage 1, 1. Note du ministre Caballero au capitaine général du Vénézuéla datée d'Aranjuez le 15 mai 1802, citée par O'LEARY, Memorias, etc., op. cit., T.I, p. 12.


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