Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE SERMENT DU MONT SACRÉ

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et la lecture des partitions de Mozart, de Pleyel et de Haydn que venaient de lui envoyer les deux naturalistes allemands Bredmeyer et Schultz avec lesquels il avait entretenu d'excellentes relations au cours de leur récent voyage au Vénézuéla 1, formaient le principal attrait de ces réunions. Les hôtes en étaient choisis et distingués : Don Francisco Carlos et Don Feliciano Palacios, oncles maternels de Bolivar, Bartolomé Blandin, fils d'un français 2, grand amateur de musique, élève du père Sôjo, ainsi que ses sœurs, Maria de Jesùs et Manuela « qui joignaient une éducation supérieure à leurs vertus domestiques3 », José Miguel Sanz 4, jurisconsulte de talent, les frères Ustaritz, dont la maison était une sorte d'académie privée des belleslettres, le physicien Rafaël de Escalôna, le chevalier d'Aristeguieta et ses filles dont l'une, Ermenejilda, dit encore M. de Ségur, « semblait une réplique vivante de la comtesse Jules de Polignac5 ». Le petit Simon, Simoncito, comme on l'appelait alors, était fêté, choyé à l'envi par tout ce monde. L'espièglerie, la gentillesse, les réflexions de l'enfant éveillé et précoce qu'il fut très vite, sa volonté déjà marquée en faisaient un petit personnage auquel on donnait de l'importance et qui en profitait. Lorsqu'il eut sept ans, l'évêque de Caracas, suivant la coutume coloniale, lui 1. ROJAS, Ley. hist., I, p. 15. — V. aussi PLAZA, Ensayo sobre el arte en Venezuela, in-4° 1883, p. 95. 2. Pierre Blandin, venu en 1740 à Caracas, y avait fondé l'année suivante la première pharmacie. 3. ROJAS, Ley. hist., I, p. 15. 4. SANZ (José Miguel), né à Valencia (Vénézuéla), en 1754. Jurisconsulte, écrivain de talent et orateur remarquable, fut un des signataires de l'Acte d'Indépendance du Vénézuéla. Poursuivi lors de la capitulalion du général Miranda, il fut emprisonné à La Guayra et PuertoCabello. Bolivar le chargea, en même temps que François-Xavier Ustaritz, de rédiger le projet de Constitution de 1813. Après le désastre de la Puerta, Sanz dut émigrer à l'île Marguerite et perdit durant ce voyage les manuscrits d'une importante Histoire du Vénézuéla qu'il avait presque terminée. Il rejoignit le général Rivas en 1814 et périt au combat d'Urica le 5 décembre de cette même année. Sanz exerça de 1786 à 1788 les fonctions d'administrateur ad litem du majorat de Bolivar. 5. SÉGUR, Mémoires, op. loc. cit. 8


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