Bolivar et l'Emancipation des Colonies Espagnoles : des origines à 1815

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LE

SERMENT DU MONT SACRÉ

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Le conquistador Diego de Losada après avoir soumis la tribu belliqueuse des Carraques, fonda en 1567, sous le nom de Santiago de Leôn de Caracas, la ville qui devait être la capitale du Vénézuéla. Ses débuts contrariés par les luttes que les gouverneurs s'en allaient continuellement livrer aux indiens de l'intérieur, par les attaques des corsaires anglais et l'absence de toute vie économique, furent fort lents. Caracas comptait à peine 2.000 habitants en 1580 et l'historien Oviedo y Banos lui en donne au plus 6.000 en 1696. Uniquement intéressés par les souvenirs des barbaries héroïques de leurs ancêtres, occupés de distractions religieuses que l'imagination sombre des confréries s'ingéniait moins à varier qu'à multiplier sans cesse, isolés du inonde, indolents et ignorants, les caraquenais, selon l'expression d'un écrivain vénézuélien 2, « vivaient d'une vie qu'on pourrait résumer en ces simples mots : manger, dormir, prier et se promener, mais ces quatre verbes, ajoute le même auteur, on les conjuguait à tous les temps ». En accordant en 1728, à l'imitation de ce que faisaient les Anglais pour leurs colonies des Indes Orientales, à un corps de marchands des provinces basques du Guipuzcoa, le droit exclusif de « faire le commerce » aux Carraques et à Cumana, à condition d'équiper à leurs frais un nombre suffisant de vaisseaux pour purger la côte d'interlopes 3, Philippe V allait mettre enfin le terme à cette torpeur qu'entretenait d'ailleurs dans tout le pays, la nullité presque absolue de commerce avec la métropole. Pour en donner une idée, il suffira de noter que la Casa de Contratacion de Séville ne mentionne en ses Nolicias, le départ d'aucun navire des ports du Vénézuéla pour l'Espagne de 1706 à 1722 4. La création des premières factoreries de la Compagnie 1. Mort à Tocuyo en 1569. 2. A. ROJAS, Leyendas historicas, cité par HUMBERT, op. cit., p. 149. 3. V. SORALUCE Y ZUBIZARRETA, Historia de la Beat Compania Guipuzcoana de Caracas. Madrid, 1876. — ROJAS, Estudios historicos. Caracas, 1891. — HUMBERT, op. cit. 4. ROBERTSON, Histoire de l'Amérique, t. II, liv. VU, note XCVI.


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