Œuvres. Tome deuxième

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ge, tout cela n'est pour elles que l'affaire d un instant. — Tu as sauvé notre père, lui dit Oualou, à notre tour nous te sauvons. Va rejoindre les tiens, ta mère qui se lamente, ta fiancée qui pleure et te regrette ; va sécher toutes ces larmes et rendre la joie à ta mère, à ta fiancée le repos et le bonheur ! — Oui ; pars, dit à son tour Illehüe d'une voix pleine de sanglots, nous conserverons ton souvenir, tu seras toujours présent à notre mémoire, nos cœurs te garderont une éternelle reconnaissance. Pars, pendant qu'il en est temps encore, pendant qu'ils dorment, pendant qu'il fait nuit. Un moment de retard et tout serait perdu ! Tu mourrais et nous aussi. Mais le jeune homme les regardait toutes deux et secouait la tête. Lui aussi, il aimait : il le sentait. Mais laquelle ? Elles se confondaient dans ]son cœur. La nuit était belle et parfumée. La mer au loin apparaissait claire comme un vaste miroir. Le ciel était [éblouissant ; sa couronne d'étoiles n'avait jamais brillé do plus vives clartés. Les grands arbres toujours I verts secouaient dans l'air leurs fleurs ! odoriférantes ; la brise marine apportait sur ses ailes des parfums frais, enivrants, ravis à d'autres cieux ; les lames venaient mollement mourir sur le rivage avec un bruit triste et doux. — Pars, répétèrent encore les fille s de Pakiri.

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