Œuvres. Tome deuxième

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L'Arouage fit honneur au repas. Il mangea ou plutôt dévora tout ce qu'on; lui donnait. i Pendant ce temps, des soins étaient prodigués à Pàkiri qui ne donnait plus signe de vie. Le flot n'avait-il rendu qu'un cadavre ? fallait-il espérer encore ? Un silence solennel régnait; tous les yeux convergeaient: au même point : la table sur laquelle reposait VOuboutou qui, quatre lunes auparavant, sur sa pirogue légère, enjolivée de gracieux dessins, s'emj barquait plein de force, de vie, d'esjpoir, de courage. On n'entendait que la respiration haletante, oppressée Ides deux jeunes filles ei de leur grand père qui, penchés sur Pakiri, j [épiaient un mouvement, un souffle,,j un soupir qui dénonçât enfin que lai vie ne l'avait pas entièrement, aban-! ; donné. j Trois cris se firent entendre, cris j de joie, cris que, seuls, peuvent comprendre ceux qui ont éprouvé ces j terrible émotions. Le cœur de Pakiri venait de battre Dans ce combat de l'homme avec la ] mort, cette dernière s'avouait vaincue i lâchait prise, se dessaissait de sa! proie. Un soupir de soulagement s'échappa de toutes les poitrines. Chacun respirait l'air à pleins poumons. Peu après, Pakiri rouvrit les yeux et, comme au sortir d'un long rêve,'


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