Œuvres. Tome deuxième

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j'étais honteux, confus. Elle remarquai sans doute mon embarras et en eut pi tié, car elle ébaucha un sourire, vite réprimé, c'est vrai, mais que je n'accueillis pas moins avec bonheur. Au mouillage de Deshaies, elle se leva et se tint debout pendant toute la durée du débarquement des passagers. Comment cela se fit ? Je ne saurais vous le, dire ; mais je manœuvrai si bien que je me trouvai tout, à côté d'elle. Elle sembla ne pas s'en apercevoir. Ala vie entière se fut écoulée là, à respirer le doux parfumqui se dégageait de toute sa personne, à sentir le léger frôlement de sa robe con tre ma jambe. Losqu'elle voulut regagner son banc, le roulis la fit trébucher et elle fut forcée de s'appuyer sur moi pour ne pas tomber. Je lui offris le bras et la reconduisis à sa place. — Merci, Monsieur, me dit-elle si bas, si bas, qu'à peine je pus l'entendre. — Je ne sus moi-même que balbutier quelques mots inintelligi-: bles, et je la saluai gauchement. Mais pourquoi faut il, hélas ! qu'ici bas toute chose ait une fin ? A peine étionsnous en vue du bourg des Vieux Habi' tants — ce nid à fièvres, répute par ses petits chevaux créoles, célèbre par ses querelles municipales, — à peine, dis-je étions-nous devant les Vieux-Habitants que, parmi les canots qui se dirigeaient; vers le bateau, mon attention fut particulièrement attirée vers Tun d'eux que 'montaient trois solides « nageurs » et à


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