Œuvres. Tome deuxième

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... mon mari qui, avec un sourire tranquille, fumait sa grosse pipe. Je trombai comme une masse. Je fus pendant un grand mois malade. Quand je pus me lever, marcher, vaquer à mes affaires, je fis dire, par le curé du Lamentin, une neuvaine de messes, je communiai, et fis communier mes filles pour leur père. — Et depuis, demandèrent Daph et moi ? —— Depuis... il n'y a plus d'esprit sur la propriété. Tout le monde garda un moment le silence qui ne fut interrompu que par le bruit que faisait Daph en secouant sa pipe contre le bord de la table. — Mais, fit Mme Lilice tout en nous servant un peti» verre d'anisette, Daph ne vous a pas raconté l'histoire de sa propriété ? tenez, elle est intéressante à entendre. Veux-tu, Daph ? — Oui ; mais, en attendant, laissemoi rebourrer ma pipe et siroter ton anisette, pas vrai, Lilice ? — Comme tu voudras, dit elle en riant. — Quand, le 22 mai 1802, commença Daph en posant son petit verre sur la table, après avoir aspiré une large bouffé • de tabac, Delgrès vit toutes ses piècemises hors de service et enterrées sons les débris du fort St-Charles que le feu des assiégeants recommençait pius vif et plus meurtrier ; quand il vit qu'ayan levé l'étendard de la lutte sainte pour la liberté la plupart de ceux qu'il comman-


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