Œuvres. Tome deuxième

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ne vis pas venir Latchimy. Sous l'empire d'une inquiétude mortelle, je sortis, |et, arrivé à mi-chemin des cases de nos cultivateurs, je fus témoin d'une scène étrange. Dans l'obscurité, je distinguai une femme qui se débattait avec énergie contre un homme qui cherchait à l'entrainer. Pas un cri, pas un mot, pas une plainte ; lutte acharnée, mais muette. Je devinai plutôt que je reconnus Moutou et Latchimy dans les deux ombres silen cieuses. Je ne fis qu'un bond et, en moins de temps que je n'en mets à le raconter, Moutou était étendu à mes i pieds. Je crois vous l'avoir déjà dit, j'à! vais alors les jarrets formes et le poing O ! lide. Moutou se releva en piteux état. L'affaire, vous le devinez, fit du bruit Moutou déposa une plainte et je tus condamné par le tribunal correctionnel de la Point-à-Pitre à trois jours d'emprison nement et cinquante francs d'amende, pour coups et blessures. A ma sortie de prison, le propriétaire me signifia mon congé, disant que j'avais porté le trouble chez lui. J'eus une dernière entrevue ave c Latchimy dans laquelle elle me jura une foi inébranlable et, le désespoir au cœur, je partis pour la Martinique. Dix ou quinze ans plus tard, j'étais a la Pointe-à-Pitre, quand, pas ant par le faubourg des Abymes, je vis dans une ! j de ces hideuses boutiques tenues par les Indiens, un visage qui rne frappa et mit mon cœur comme en arret. Latchimy s'était-elle effacée de ma mémoire ? Ouf et non. Le temps avait fait son œuvre ;'.)


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