Œuvres. Tome deuxième

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naître leur pensée sur un historien, un romancier, un poète. 27s gardent de Conrart le silence prudent ! — Mais vous, mademoiselle, qu'aimezvous le plus ? les historiens, les romanciers ou les poètes ? — Pour cela, Monsieur, répondit-elle avec un trouble délicieux dans la voix, les historiens, je les aime un peu, les romanciers, beaucoup et les poètes, passionnément ! — Pui-je savoir, mademoiselle, ceux des poètes que vous aimez si passionnément ? — Qu'à cela ne tienne, monsieur ! Elle me nomma Hugo, Lamartine, Leconte de Lisle, Joséphin Soulary, Alfred de Vigny, Sully Prudhomme, Joseph Autran, Victor de Laprade, et quand elle arriva au nom de François Coppée, elle me demanda l'autorisation de dire quelques vers de ce poète délicat. L'autorisation, vous le comprenez, fut vite accordée et Mlle Louise, qui avait des caresses dans la voix, se mit à réciter ce passage que Coppée a enchassé dans « Les Humbles. » « Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois « A la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois. « Pendant les tristes jours de l'hiver monotone. « Les pauvres nids deserts, les nids qu'on abandonne, « Se balancent au vent sous le ciel gris de fer, •« — Oh! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver ! « Pourtant quand reviendra le temps des violettes, « Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes « Dans le gazon d'Avril où nous irons courir. «— Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ? ..


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