Œuvres. Tome deuxième

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lons ; et qu'enfin, ses études terminées et couronnées par le brevet d'institutrice, son père était venu la chercher pour la ramener à l'Anse-Bertrand. — Et depuis, mademoiselle, que faitesvous, lui demandai-je ? — Mais, monsieur, jo vis ! c'est-à-dire, j'aide ma mère, qui commence à être fatiguée, dans les soins du ménage ; je couds, je m'occupe un peu de cuisine, je tiens les notes de mon père, je jardine, je lis...... et, l'après-midi, quand le soleil est tombé, je vais sur la grand-route ou à travers champs, dans les cannes, en compagnie de mon chien « Snob, » humer la brise du soir qui se lève et.... rêver. — Vous recevez, sans doute des visites ? — Parfois, le dimanche : des amies d'enfance, des connaissances ; voire quelques indifférentes. — Et les jeunes gens, mademoiselle, vous sont-ils indifférents aussi, fis-je d'un petit ton malicieux ? Oh! monsieur, dit-elle en me regardant de ses yeux profonds, les jeunes gens ? hélas ! ils no savent parler que de poli-

tique, cette affreuse politique qui rend

; tout le monde ennemi, quand on est dans : un petit pays béni de Dieu où tous de; vraient être unis comme des frères ; ils ne vous entretiennent que de leurs parties de chasse, de pêche, do crabes, de coqs, de jeux, que sais-je encore, moi? et si vous leur demandez de faire con-


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