Œuvres. Tome deuxième

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Elle me fit un nouveau signe de refus ; ce que voyant, je me tournai vers ma voisine de gauche, espérant être plus heureux de ce côté. — Non, non, fit celle ci d'une petite voix d'enfant qui va pleurer, je suis pleine, monsieur, pleine, pleine, pas même long comme ça ne pourra passer. Et elle me montrait son petit doigt fluet sur la première phalange duquel elle posait le bout de son pouce. Devant une affirmation si catégorique, je ne pus que m'incliner et, regardant Mlle Louise, nous sourîmes pour cacher l'inévitable envie de rire qui nous enva hissait. Vers huit heures, à l'exemple des ma-; riés, toute la noce se leva de table. Les uns se placèrent sous le « portico », les autres se répandirent devant la maison, sous les tonnelles de pomme de liane et de barbadine, heureux « d'en griller une », tout en humant délicieusement l'air frais du soir qu'embaumaient des parfums troublants et exquis ; d'aucuns, trop bien lestés et poursuivis par la voix du cent, s'empressèrent de cherche r dans les halliers voisins quelque endroit écarté. Ou de bien digérer ils auraient liberté. Un orchestre se fit entendre qui, composé d'une clarinette d'un flageolet, d'un crincrin grincheux, d'un tambour de basque, d'un triangle et de l'obligatoire accordéon, jouait une de ces « biguines»


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