Œuvres. Tome deuxième

Page 142

pagne se ressemblent, cela est vrai ; mais mon ami Paulinus qui, depuis longtemps, nourrissait son projet de mariage, avait tenu à faire grandement les choses. Chapons, dindes, canards, pintades avaient été mis par lui en réserve de longue main et engraissés avec un soin tout spécial. Les vins étaient des meilleures marques qu'on avait pu se procurer à la Pointe-à Pitre. De leur eô'.é les Balboude s'étaient piqués d'honneur et les lapins, le « jeune bœuf » le mouton, le cabri... comment dirai-je ? ; préparé à temps, le porc, tous gros, gras, dodus, à point, avaient été fournis par leur basse-cour. Quel repas, amis lecteurs, quel repas/je m'en pourlèche encore les badigoinces, rien que d'y penser. Vieilles, carangues, vivannos, énormes, succulents, à la sauce mayonnaise — buissons de superbes « ouassous » — pintades bardées de lard et rôties à la broche — canards aux olives farcies — lapins brai-és — dindes truffées — filet de bœuf à la financière — le classique jambon, non pas bourgeoisement glacé mais relevé cette fois par la sauce au madère — côtelettes de mouton, ragoût de mouton, épaules de mouton sautées à la provençale, gigots de mouton — bouchées aux queues d'écrevieses —vol ou vent — j'en passe : ce fut un interminable défilé de plats délicieux auxquels mon appétit de vingt ans fit le plus


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.