Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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sa prière s'élève, comme une rosée qui rafraichit l'âme, comme un parfum délicieux qui l'énivre. A la voir, les yeux baissés, les lèvres entr'ouvertes par un divin sourire, le sein palpitant d'émotion, qui ne tomberaii à genoux pour l'adorer. Elle a l'éclat de l'étoile, la fraicheur de la rieur; la légèreté de l'oiseau. Elle est la grâce et le charme. Comme à Ariel, Shakespeare lui eut soupiré : Tu es la splendeur du rayon, la légèreté du parfum. Comme à Mignon élevant tristement ses regards vers le ciel, Goëthe lui eût murmuré : « La fleur sous les baisers du soir, la feuille « sous le souffle du matin, le nuage qui vole, « la moisson qui flotte, les vagues qui ondoient ont moins de souplesse et de grâce que le plus léger de tes mouvements ! » Le soleil se couchait et de ses derniers rayons incendiait le pic de la Soufrière, le feuillage des grands bois et les champs de cannes qui ondoyaient doucement sous la brise du soir. La cloche sonnait l'heure du repos et les noirs s'en retournaient à leurs cases en chantant ces chansons monotones qui finissent par bercer l'âme et par l'emplir de je ne sais quel sentiment de douce tristesse ; les merles s'envolaient en sifflant vers la cime élevée des palmistes et les bœufs, d'un j pas grave et lent, la tête baissée, suivis do leurs gardiens déguenillés, prenaient en ruminant le chemin de leur parc.

(A Suivre).


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