Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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anciens chrétiens qui confessaient leur foi dans les plus affreux tourments, nous confessions notre royalisme sur l'échafaud.

— Parlez plus bas, Monsieur le marquis, on peut vous entendre. — Et qu'importe, Monsieur Bigot ! Je dis ce que je pense. Si quelque espion rapportait mes paroles. le capitaine-général n'oserait toucher à mes cheveux blancs. Et puis je vous dirai tout. J'exécre votre empereur. Cet homme qui est maintenant à l'apogée de sa puissance, que les rois de l'Europe appellent leur cousin, je le hais ! Il a marché sur les lois de il a lait assassiner inutilement le jeune duc d'Ënghien. C'est un génie, mais un génie malfaisant, le génie du champ de bataille. Cet usurpateur du trône de mon roi légitime, finira mal ! Pendant que parlait le marquis, maître Bigot était sur des charbons ardents. Il se tournait et se retournait en tout sens, tantôt humant une prise de tabac, tantôt toussant, tantôt crachant, mais sans oser cependant interrompre son interlocuteur. — Pour Dieu, dit-il au marquis quand celui-ci eut fini de parler, assez sur ce sujet, monsieur; de Pierre-Lys, et donnez-moi, s'il vous plaît, des nouvelles de mademoiselle Alice et de monsieur Georges? — Ils sont tous en parfaite santé, je vous remercie, Monsieur Bigot. Et Madame Bigot ? —Elle a été malade ces jours derniers, mais elle est beaucoup mieux. — Je vous prierai de lui faire toutes mes amitiés. — Et moi, je vous serai bien reconnaissant de présenter mon respect à votre aimable famille. Le marquis et le notaire se séparèrent, l'un pour retourner à ses affaires et l'autre pour se rendre son habitation.

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