Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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gens, d'un air triomphant, venait prendre place. Tout le monde riait autour de moi ; seule j'étais triste et ne disais mot. Je me sentais déplacée dans cette société, et n'aspirais qu'à une chose : m'en retourner au plus tôt dans ma chambre. De temps en temps, Laurence remplissait mon verre. Elle buvait beaucoup ; comme elle, je buvais machinalement, sans trop savoir ce que je faisais. L'on me grisait, Raoul ; l'on voulait me voir ivre. Je le fus, en effet, à ne pas savoir ce qui se passait autour de moi. On m'emporta dans ma chambre. Je me jetai tout habillée sur mon lit. Laurence me fit prendre une potion. — « Cela te calmera, me dit-elle en me la présentant, bois, Pauline. » C'était un somnifère. Comprenez-vous, Raoul ? ils m'avaient grisée ; puis, craignant de voir s'échapper leur proie, ils m'endormaient. J'étais au pouvoir de ces infâmes, j'étais perdue ! Le lendemain j'étais folle. J'eus un moment de lucidité. C'est alors que je vous écrivis, Raoul. Mon malheur se présentait à moi dans toute sa réalité. Je n'avais de refuge qu'en vous, en vous seul était mon espoir. J'eus foi en votre bonté et, vous l'avouerai-je ? en votre amour. Vous êtes venu à mon secours, Raoul ; vous m'avez recueillie ; votre mère a tout fait pour moi. Soyez d onc bénis tous deux pour le bien qui me vient de vous !... ne Elle put continuer, les larmes la qua ent Elle était à mes suffo i . so genoux, je n front:


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