Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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cette lettre m'eût calmée. Elle n'arriva que le premier juillet. La chambre d'Arthur était maintenant occupée par Laurence. Celle-ci avait vou lu habiter la même maison que moi, me disait-elle, afin de nous voir plus souvent et d'être près l'une de l'autre en cas d'accident ou de maladie. C'était la trahison qui commençait. Judas vendit Dieu, l'amie pouvait bien, à son tour, vendre son amie. Ma perte était jurée, j'étais perdue ! Vous n'étiez pas avec moi, Raoul, vous mon bon ange, et Dieu m'avait abandonnée. Oh ! le complot fut habilement ourdi artistement mené et exécuté. Impossible de rompre les fils inextricables que cette nouvelle Arachné avait tendus autour de moi. La fatalité me poussait vers l'abîme. Laurence et moi, nous vivions dans la plus parfaite union. Tout était commun entre nous. Je lui ouvris mon cœur, pauvre ingénue que j'étais, et elle put y lire ainsi que dans un livre ouvert. Le 4 juillet, Laurence vint me chercher pour prendre le thé chez elle. En entrant dans la chambre, j'y trouvai mes compagnes d'atelier, puis des jeunes gens, des étudiants, sans doute, parmi lesquels M. de la Perrotière. Surprise, je voulus me retirer; mais réfléchissant que c'était là un acte d'inconvenance dont je ne pouvais me rendre coupable, j'allai prendre! place à côté de mes camarades. Comme la première fois, une collation était servie. M. de la Perrotière se plaça à l'une des extrémités de la table, affectant de s'éloigner de moi. Laurence s'assit à ma droite, tandis qu'à ma gauche, un des jeunes


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