Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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— Vous ! Indigne, Pauline ? Est-ce votre faute si un misérable a surpris votre bonne foi, vous a lâchement déshonorée pour vous abandonner ensuite lâchement encore ? est-ce votre faute si, ignorante comme vous l'étiez des crimes dont un homme peut se rendre coupable, vous êtes tombée dans.le piège que l'on vous tendait '? non n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas coupable, j'en ai l'intime conviction car vous m'aimiez, Pauline ; car enfin vous étiez ma fiancée et vous êtes toujours, avec ma mère, mon bonheur icibas. Rien n'est donc changé, Pauline, vous êtes toujours celle que mon cœur a choisie, le bon ange qui étendait sur moi ses ailes protectrices, la fée qui me charmait et faisait ma joie. Je vous aime plus que jamais, je vous l'ai déjà dit; mais vous, m'aimez-vous encore ? — Vous le demandez, Raoul, si je vous j aime encore ! Mais depuis cette nuit fatale où j'ai mis au monde le fruit de mon déshonneur, ma première pensée, en recouvrant la raison, fut pour vous, pour; vous seul ! Raoul, que de larmes versées! en silence au souvenir de mes beaux jours envolés, de ces heures si courtes et j et cependant si remplies passées avec, vous ! que de fois ne vous ai-je pas appe- j lé dans mes nuits sans sommeil, dans ces moments de crise ou je croyais de nouveau perdre la raison, où l'avenir m'apparaissait sombre, comme un jour d'orage, et recouvert d'un crêpe noir ! Douter de mon amour, Raoul, mieux vaudrait pour vous douter de Dieu ! Je n'ai su que lui dire ; les expressions me manquaient. L'enfant pleurait. Je la pris alors et, l'ayant bercée un moment,


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