Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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amour. Pauline l'attira à elle, l'embrassa au front, puis elle tendit la main au docteur qui se détourna pour cacher son émotion. Elle demanda ensuite son enfant. Ma mère lui apporta le petit être, Elle le contempla quelque temps en si lence avec une sorte de béatitude ; mais aussitôt, changeant de physionomie : — Emportez-là, s'écria-t-elle avec une voix pleine de rage, je ne veux pas la voir, celte enfant je la hais !... Et, brisée par l'effort qu'elle venait de faire, elle laissa retomber sa tête sur l'oreiller. Mais cette fois son évanouissement fut de courte durée. Cinq jours se sont écoulés depuis cette scène. Nous avons passé par des alternatives d'espoir et de crainte, d'angoisse et d'espérance. Aujourd'hui enfin, M. Relan nous a déclaré qu'elle est hors de danger. Pendant ces cinq jours, ma mère n'a cessé un seul instant de veiller sur Pauline. Quoique écrasée de fatigue et malade elle-même la charitable femme a trouvé de la force pour remplir ce pieux (devoir. Elle ne voulait être aidée en; aucune façon par les servantes de la ferm e et, quand elle veut, cette bonne mère, il taut qu'on obéisse. M Relan défend que je voie Pauline. Il craint pour elle une rechute qu'entrainerait fatalement ma présence. Etre si près d'elle et ne pas pouvoir la contempler à m on aise ! Non, les tourments des damnés ne sont pas comparables à ceux que j'enAujourd'hui, elle a demandé son enfant. Comme la première fois, son visage s'est illuminé ; elle a embrassé la petite Pau-


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