Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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mente, les pénibles pensées qui l'assiègent, fassent place à de riantes images. Guérissez-la, et si vous voulez, pour le faire, toute mon existence, prenez-la, je 'vous la donne sans regret. Un sourire à entr'ouvert ses lèvres pâlies ; elle murmure un nom... C'est le mien !... — Raoul, dit-elle, pardonne-moi, je ne suis point coupable... c'est lui... Arthur !... 11 heures du soir. A ce nom j'ai poussé un cri terrible. La lumière s'est faite ! C'est Arthur... Il m'en rendra compte, l'infâme !... Elle va être mère, Eugène l'a dit. Sa guérison dépend de sa délivrance. Demain je l'emmène chez ma mère. Dans la cruelle position où elle se trouve, sans fortune ni parents, que deviendraitelle si je lui manquais ? Puis-je l'abandonner ? 20 Juillet 18... Ma mère l'a reçue comme si elle était sa fille. Je lui avais écrit pour lui rendre compte de l'état de celle que j'appelle toujours ma fiancée, et lui donner connaissance des causes qui ont amené cet état. Sa folie est douce. Vêtue d'un long peignoir blanc qui dessine admirablement les contours de sa taille de fée, elle erre partout dans la maison, comme une âme en peine, comme une de ces sylphides qui rasent le soir, de leurs pieds légers, l'eau dormante d'un lac. Quelquefois, elle reste des heures entières en contemplation devant une fleur, un brin d'herbe, une feuille d'arbre ; quelquefois aussi,


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