Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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Jusqu'à présent je n'ai pas vu Arthur. Son départ coïncide, m'a dit madame Perron, avec la maladie de Pauline. Ma ! tête se perd à déméler le fil de cette énigme affreuse, de ce complot habilemont ourdi et machiné. Depuis huit jours de veille, je suis 'constamment à son chevet, épiant ses moindres désirs, allant au devant de ses plus légers caprices. Et quoi qu'elle recoive tout avec la même indifférence, le même sourire vague sans témoigner nil contentement, ni reconnaissance, j'éprou- ! ve du plaisir, que dis-je, du bonheur à] faire tout ce qu'elle veut, à lui obéir, à! être son esclave enfin. L'autre jour, quand je suis arrivé, la j bonne madame Perron était auprès d'elle: et s'efforçait de la consoler par tous les: moyens en son pouvoir. Mais elle avait déjà perdu toute connaissance ; elle divaguait. Des mots incohérents, des phrases' j entrecoupées, des larmes, des sanglots, des mouvements de désespoir, de folle terreur, des cris, des imprécations, des' malédictions: voila ce que j'entendis en entrants dans la chambre,. Je fus saisi à cette vue d'une émotion s pénible ; je chancelai. Je ne pouvais en croire mes yeux ; mais la réalité était là vivante, palpable, il n'y avait pas moyen de douter. Dire ce qui se passa alors dans mon âme est chose impossible. J'allai vite chercher un médecin. Le hasard ou plutôt la Providence fit qu'en sortant je rencontrai Eugène. Il allait chez un de ses clients. Je l'entrainai ! près d'elle. — La pauvre fille est gravement ma-


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