Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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Raoul, dites-lui que moi aussi je l'aime comme sa fille, dites-lui que je suis digne d'être à vous et que je le serai toujours. Que le temps me parait long ! Je me I consume dans l'attente de vous revoir, mon Raoul, mon doux seigneur, et pour mieux être avec vous, je passe mes soirées \ dans votre chambre. Je n'ai point voulu ' vous le dire dans ma précédente lettre j'en avais honte. A chaque bruit que je perçois, mon| cœur palpite d'une émotion si forte, que je j crois qu'il va se briser. Chaque pas que j j'entends dans l'escalier me semble être le vôtre ; je prête alors l'oreille, le sang) afflue vers mon cœur, la respiration m'est ôtée, je n'ai plus de voix. Et quand ce pas s'éloigne, quand je m'aperçois que je me suis trompée, une secousse telle se produit en moi que, l'autre jour, étant devant la glace, dans un de ces moments dont je vous parlais tout à l'heure, j'ai eu peur de moi-même et je suis restée effrayée de ma | propre image. Quand viendrez-vous, Raoul ? Vous êtes ! muet à cet égard. Vous me parlez d'affaires importantes à terminer, mais sans me dire quel temps elles peuvent prendre j Vous comptez sans doute me faire une j surprise ? Si c'est votre dessein, ne le croyez pas, car depuis le jour où j'ai reçu | votre lettre, ma vie se passe à vous atten- j dre. Vous le savez, Raoul, je ne vous cache rien, de mes pensées ni de mes actions j C'est une habitude que vous m'avez fait j contracter et que je ne veux point perdre j car elle est bonne car toujours, après un | récit pénible à vous fait, vous trouviez des paroles si consolantes pour me soula-


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