Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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se meurt et qu'il me demande pour lui fermer les yeux. Je n'ai que le temps de faire un paquet do mes hardes et de courir à la gare. Adieu, mon bon ange ! J'aurais ■voulu, avant de te quitter, puiser de la «force et du courage dans tes beaux yeux, dans une parole de toi ; mais le devoir est là et je no puis m'en écarter. Raoul à Pauline. 26 mai 18... Mon père est mort, Pauline. Il m'attendait pour lui fermer les yeux. Aussi, quand il m'a vu, quand je suis entré dans sa chambre et me suis agenouillé devant son lit, cachant mes larmes pour ne pas lui faire de la peine: «Je t'attendais, Raoul, m'a-t-il dit, sois béni, mon fils, et surtout soisheureux ! C'est le vœu de ton père mourant. » Et, jetant sur moi un long regard où se lisait toute son âme, il lest entré en agonie pour mourir une : heure après. Tu connais bien, Pauline, la grandeur [de la perte que je fais. Bien souvent, dans nos longues causeries du soir, j'ai déroute devant tes yeux le tableau de la vie ; calme et pure de mon père, de cette existence tranquille et honnête, de cette âme probe et loyale ; bien souvent, je t'ai dit ce que je lui dois d'amour et de reconaissance pour tous les sacrifices que volontairement, il s'imposait pour moi. Tu comprendras donc ma douleur et mes regrets. Cette perte à laquelle j'étais si loin de m'attendre et qui est venue fondre sur moi avec la rapidité de la foudre, me laisse sans force et sans courage. Ma mère fait peine à voir. Sa santé, ru-


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