Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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— Vous savez ma passion pour la botanique, commença ie capitaine ? Quand j'arrivai à la Guadeloupe, n'y connaissant personne, je m*amusai à herboriser et c'est là un passe temps bien agréable, je vous l'assure Un fusil, une boîte enferblanc, un carnier contenant des munitions et quelques provisions, tel était mon bagage. Je partais de la caserne de grand matin pour n'y rentrer que le soir fort tard. Un jour, je m'égarai. La journée avait été accablante. Un soleil de plomb avait pesé sur mes épaule. Mon front ruisselait de sueur ; le cuir de mes bottes disparaissait sous une épai-se oouche de poussière. Mon bâton noueux me soutenait à peine et, comme l'attelage du coche de la, fable, je soufflais, j'étais rendu. Avec cela pas la moindre apparence de maison, et la nuit qui venait... Les oiseaux qui regagnaient leur gîte, me jetaient en passant un bonsoir moqueur Les criquets commençaient leur concert discordant. La première étoile étincelait déjà à la robe d'azur du firmament. Un léger zéphyr courait dans le feuillage aes arbres et courbait les hautes herbes à bonhomme qui murmuraient tout bas. Je marchais, livré à mes pensées. A quoi pensais-je ? A tout. L'esprit était ■ loin de la bête. La bête geignait, mais l'esprit prenait son vol. Tout à coup j'entendis des sons que l'on arrachait d'une conque de lambi. A cette heure solennelle où les der-


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