Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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Vers minuit un lourd sommeil m'a fer-! mé les yeux. 15 Mai 18... Gomme la première fois, elle allait au travail. — Bonjour, mademoiselle, lui ai-je dit.' — Bonjour, monsieur, m'a-t-elle répondu. Et c'est ainsi que se noua la conversation. — Hélas ! oui, monsieur ; j'ai à terminer, pour aujourd'hui neuf heures, la robe d'une riche demoiselle qui se marie avec un secrétaire d'Etat. Et... — Et, à cette occasion, vous avez été plus matinale qu'à l'ordinaire, fis-je en l'interrompant ou du moins achevant sa pensée ? — Vous l'avez dit, monsieur. Mais vous même, je vous vois bien matinal. A quatre heures je vous ai entendu sortir. Sans doute, vous revenez de la promenade ? — Oui, mademoiselle, comme l'abeille j'ai été butiner un peu à travers champs. Ces fleurs que voici en sont la preuve. Puis-je vous les offrir? et, vous les offrant me ferez-vous l'honneur de les accepter ? — Bien volontiers, monsieur, car j'adore les fleurs. C'est là ma seule passion. Je cause avec elles, et dans leur doux langage elles me disent bien des choses. j — Je suis heureux, croyez-moi, mademoiselle, de nous voir la même passion pour les fleurs. Elles me remplissent de! je ne sais quel enivrement voluptueux, et j parent ma pauvre chambre qui, sans elles, serait bien triste. I J'ai déposé dans son tablier les violettes, les roses, et les bleuets que j'avais en main.


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