Oeuvres : Un bonheur impossible. Tome premier

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plis de bontés, de prévenances, mais tout cela est forcé, je le sens, je le vois. Il n'y a que madame votre mère et vous, miss, qui me traitiez sans arrièrepensée, sans rancune, sans haine. Votre père n'aime pas les Anglais. Il ne me l'a pas dit, mais j'ai cru le surprendre, je l'ai deviné. En cela il est comme tous les créoles. Ce n'est donc pas moi qui l'en blâmerai. Sa haine est juste, je l'avoue, car si la Guadeloupe a souffert, la faute en est à nous. Mais laissons toutes ces choses, miss , continua-t-il après un moment de silence et d'un ton plein de mélancolie, je garderai toujours de votre famille un reconnaissant souvenir et votie nom ainsi que celui de Madame de' Pierre-Lys, sera gravé dans mon cœur à côté de celui de ma mère. — Votre mère vit, lui demanda Alix avec intérêt ? — Oui, miss, j'ai le bonheur de la posséder encore. — Et que Dieu vous la conserve longtemps, une mère ne se retrouve jamais plus. — Merci, miss, merci, puisse le Seigneur entendre votre souhait ! — Et vous n'avez que votre mère ? — J'ai une sœur, miss. — Elle s'appelle ? — Jenny. — Un joli nom. Et monsieur votre père t — Il est mort, fit mélancoliquement sir


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