Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

ventre est hérissé. Cette charrue mécanique en remplace trois ou quatre de nos contrées. Elle semble à peine proportionnée à ces immensités toutefois. L'usine, cette usine modèle dont on m'a tant parlé, donne elle aussi cette même impression de puissance, de rendement, d'économie de temps et de bras. Tous les organes en sont modernes, remplacés au fur et à mesure des découvertes par des pièces récemment inventées. Là où travaillaient autrefois dix ouvriers, deux suffisent à la besogne. Ces résidus, inemployés jadis, d'autres machines les reprennent, les pressurent aujourd'hui. C'est à peine maintenant s'il reste quelque trace de sucre dans cette bagasse, sèche comme du bois, et dont on se sert pour alimenter les fourneaux. Les bielles, les pistons, les leviers luisent, entretenus avec minutie dans un état constant de propreté. Ils tournent, pivotent dans un ensemble parfait, sans effort, comme des mouvements d'horlogerie. Mais ce bruit, cette chaleur, cette odeur âcre de corps en sueur, cotte impression de travail factice aussi, que souvent l'on éprouve au milieu d'une usine, tout cela vous fatigue très vite. Et c'est un plaisir de retrouver, dehors, sur la route, sous un ciel nuageux et mouvant, ces char-


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