Aux Antilles : hommes et choses

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TRINIDAD

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mum d'efforts, une surveillance très lâche. Elles rapportent des sommes si fabuleuses qu'on peut les confier aux mains d'un régisseur, d'un gérant. Il vous vole, c'est entendu. Mettez cela au compte des profits et pertes. Contentez-vous des bénéfices qui restent. Ils sont encore splendides. Voilà ce qui explique cette nuée de Sud-Américains dont Paris est envahi. Ces grands rentiers magnifiques sont des planteurs de cacaoyers à Guayaquil ou ailleurs. Tousles trois ans,ils vont faire un tour en Equateur, en Bolivie, au Chili. Ils apparaissent subitement chez eux comme nos collecteurs d'impôts d'autrefois. Le prélèvement opéré, une grosse somme dans leur sacoche, allègrement, ils repartent comme ils sont venus. Six mois plus tard, le Tout-Paris les retrouve, au Bois, au cercle, le teint bronzé, les doigts couverts de bagues aux larges chatons, avançant les lèvres sur un gros cigare de la Havane. Ces propriétés sont de véritables titres au porteur. De temps à autre on en détache les coupons, puis on se rendort, on recommence, toujours ainsi. Quelle exploitation, quelle industrie en France pourrait prospérer, ou même vivre, avec une telle insouciance de son propriétaire1 ? 1. Pour être exact toutefois, je dois ajouter qu'à Trinidad on m'affirma que la plupart des grandes propriétés étaient hypo-


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