Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

perroquets, de singes; des vendeuses de fruits : (ananas, mangues,bananes), abritées par de longs voiles blancs, qui, de loin, les font ressembler à des premières communiantes ; enfin arrive une lourde et basse charrette attelée de trois mules, avec quatre indiennes assises sur le plancher, jambes croisées, bras nus, vêtues de clairs vêtements qui flottent. On croirait voir quatre femmes de neige sur lesquelles serait plantée une tête de bois noir aux yeux mobiles et blancs. A présent ce sera fini de ces rencontres. Nous nous enfonçons sous les arbres, nous suivons des sentiers à peine frayés dans les hautes herbes. Nous voici en pleine solitude de la forêt. A travers les palmes agitées, le vent souffle; mais on ne reconnaît plus ce murmure confus qui s'élève, lorsqu'il passe à travers les mille petites feuilles des arbres de nos contrées ; c'est plutôt le sifflement ininterrompu et monotone qu'on entend au jour d'orage quand se courbent, se froissent d'innombrables roseaux. De temps à autre aussi on perçoit le bruit moelleux et sourd d'un corps pesant qui tombe. C'est une noix de coco trop mûre que le vent détache des branches, et qui s'engloutit dans les hautes herbes. Un pas de plus et vous en étiez assommé.


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