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AUX ANTILLES
de l'Orénoque, comme si les grands arbres des rives, à travers le fleuve, s'étaient lancé des fleurs. Et tout à coup, en entendant ces récits, voici qu'une irrésistible envie de remonter l'Orénoque m'envahit à mon tour. D'ici je me trouve à vingt kilomètres environ du delta. Pourquoi n'irais-je point voir ces choses merveilleuses, ces pays de prodiges ? La découverte, l'inexploré, voilà le grand attrait du voyage, voilà pourquoi ceux qui l'aiment, l'aiment avec passion. Ils y trouvent la même joie qu'un inventeur à la recherche d'un problème, qu'un chimiste à la poursuite d'une découverte, celle de côtoyer la nature, de sentir, de frôler, de joindre l'inconnu. Ce sont émotions de même espèce, d'ordre semblable. Que de savants ont fait sur la platine de leur microscope de mystérieux et passionnants voyages !
Jeudi, 15 mars.
Je n'aime point, dans cette relation pittoresque, consigner des détails trop techniques ; mais en cette ville riche, en cette île fortunée puis-je laisser de côté la vie économique ? Ne faut-il