Aux Antilles : hommes et choses

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TRINIDAD

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mes. Avec une infinie souplesse, la publicité se plie aux mœurs différentes. Ces banderoles, ces oriflammes jouent le rôle de nos annonces intermittentes et lumineuses, le soir, sur nos boulevards. Force est bien de les étaler au grand jour. Passé neuf heures nul ne les verrait ici. Port-of-Spain, dès l'arrivée, apparaît comme une ville bien anglaise, en effet. A six heures, son activité fébrile fait place à un complet engourdissement. A sept, toute vie commerciale et autre tombe en un profond sommeil. On ne croise plus que de rares promeneurs dans les rues, on n'entend çà et là, dans une maison aux baies largement ouvertes, que les psaumes, les cantiques, entonnés d'une voix traînante et criarde, par des familles anglicanes assemblées. A quoi serviraient de coûteuses réclames dans des rues où ne passe plus personne? Mieux vaut ces banderoles, qui d'ailleurs, sous ces climats, resplendissent mieux en plein soleil que mille quinquets sous le nôtre. A neuf heures, pendant quelques minutes, la physionomie de la ville change cependant. De désertes les rues deviennent actives, tumultueuses, sillonnées de tramways électriques, dont les tiges de fer grincent, chantent sur leurs fils de cuivre. Les voitures passent, rapides, avec leur wattman


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