Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

ci en anglais, d'autres en espagnol, avec furie, les bateliers nous hèlent. Tout passager descendant à terre représente deux schillings. Aussi, dès à présent, avant de monter à bord, c'est à qui s'assurera le plus de clients. A-t-on le malheur de les regarder : tous aussitôt commencent à gesticuler, à hurler. Prenons-en notre parti. Par-dessus leurs têtes, pour ne point exciter ces énergumènes,contemplons vaguement l'horizon. A cinq heures les formalités du bord enfin terminées : douanes, visites sanitaires, je descends dans une de ces barques. Elle est à quatre rameurs, longue, spacieuse, avec un dais bleu claquant au vent. Des coussins somptueux, d'un rouge rutilant, recouvrent les banquettes. Embarcation princière comme vous voyez. Au confort avec lequel elle est aménagée, on sent que nous arrivons dans une riche colonie, dans une ville où doivent se prélasser des gentlemen et des milords. Malheureusement le vent fraîchit ; il souffle de terre à présent ; des vagues se lèvent, s'agitent, clapotent. Notre barque danse sur cette eau remuée. Les bras solides de mes rameurs ont peine à vaincre cette résistance. Il leur faudra soutenir une longue lutte pour gagner la douane. Enfin nous y débarquons. « Ice house Hotel ; Queens-park Hotel ; Paris-


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