Aux Antilles : hommes et choses

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DE PAUILLAC A TRINIDAD

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Dimanche, 11 mars, en mer.

Pour la première fois depuis mon départ, incommodé par la chaleur, j'ai dormi la porte de ma cabine et mon hublot grands ouverts. Mal m'en a pris. Je fis connaissance avec les moustiques. Ils me tatouèrent de la tête aux pieds. Au ciel éclate cette même lumière, s'étend cette même pureté d'atmosphère que l'on retrouve sous ces latitudes. La mer, elle aussi, se déploie avec cette même teinte bleu sombre, cette même absolue tranquillité. Combien son aspect me charmait autrefois lorsque j'allais au Transvaal ; comme il m'est aujourd'hui indifférent ! Notre âme ne vibre qu'aux impressions premières. Aussitôt entrevu, un spectacle, si beau soit-il, nous semble déjà défloré I La Martinique à peine disparue, de nouveau, à l'horizon, sur la ligue calme des eaux, jaillit la silhouette bleue d'une autre île : Sainte-Lucie. Avec le chapelet de rochers qui la prolonge, nous la laissons à bâbord.Toute terre s'évanouit. Dans la solitude, sous l'éclatant soleil, le pont secoué par l'hélice trépidante, le navire avance, la proue tournée dans la direction do Trinidad.


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