Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

cans et de leurs menaces, les hommes soient venus vivre en ces îles enchanteresses au risque d'y prématurément mourir. Un de nos amis belge exulte. Son enthousiasme se traduit en phrases amusantes, en cris d'admiration spontanés et naïfs : « Voyez ces ananas plantés à droite, au bord de la route, comme des choux ; plus loin ces oranges, en plein champ, jaunes, magnifiques ! A Bruxelles, autrefois, que d'attention, de soins pour cultiver en pot un oranger malingre et rabougri! Que d'efforts pour obtenir,à l'extrémité d'une branche une orange verte, grosse comme une prune, dure comme un noyau ! Et tout cela croît ici, sans peine, librement. Quel paradis que ces Antilles ! » Il faut se souvenir de cette catastrophe de SaintPierre, récente encore, pour résister à cet enthousiasme, et mettre une sourdine à ces exclamations délirantes. Ce ne sont autour de nous que plantes rares, arbres aux essences précieuses. Jamais nos yeux d'Européens ne les ont aperçus avec ces proportions gigantesques. Les palmiers succèdent aux cocotiers ; les cocotiers aux choux palmistes. Enlacés aux arbres qui les soutiennent voici des vanilliers, puis des touffes de bambous, de fougères arborescentes, de cactus épineux. Portant leurs fruits, sorte de gousses bru-


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