Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

que,malgré les tarifs différentiels imposés ou consentis par la métropole, les marchandises américaines, telles que l'essence de pétrole par exemple, arrivaient sur le marché des Antilles à vaincre les produits similaires européens. Mais la France, objectera-t-on, est encore aimée et respectée làbas. C'est exact ; la situation n'en est pas moins troublante cependant ; combien peu pèsent les sentiments devant les intérêts ! Si demain, au sein de la grande République, en face du péril jaune, une union forte et sincère se faisait entre les deux races rivales, noires et blanches, le contre-coup en serait immense aux Antilles ; aux Antilles françaises surtout. — Les colons blancs, d'âme si profondément française pourtant, lassés, écœurés de cette situation politique instable qui les livre sans défense, entre les mains, je ne dis point des noirs ou des mulâtres, mais entre celles de quelques agitateurs de couleur, se tourneraient peut-être, avec regret d'abord, avec résignation ensuite, avec joie bientôt, vers le pays calme et puissant, capable de sauver l'avenir de leur race en protégeant leurs intérêts. Les noirs, les mulâtres accepteraient le fait, dans l'impossibilité où ils se trouveraientde s'y opposer. Ils sentiraient alors toute l'étendue de leur faute, toute la stupidité de leur intransigeance, compa-


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