Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

métis veulent devenir blancs, et les blancs le demeurer. Voilà l'origine de ces disputes, la cause de cette rivalité, de ces luttes dont les épisodes dramatiques, au reste exagérés, défraient parfois les colonnes de nos journaux d'Europe l. Et ces mulâtres inconséquents tiennent, à l'égard des autres mulâtres,la conduite qu'ils reprochent si amèrement aux blancs d'adopter à leur égard. Ils dédaignent les nègres tout en les caressant. Rarement ils épouseraient une négresse ; plus difficilement encore une Cafre d'un certain rang social convolerait avec un nègre; toujours, au contraire, (dans la bourgeoisie tout au moins), un métis, comme épouse, cherche une femme plus blanche que lui ; toujours une jeune fille mulâtre fortunée tendra à s'unir à quelque jeune homme qui,par sa couleur, se rapprochera davantage du blanc détesté. Parmiles enfants, s'il en est un qui reproduit le type à peu près pur de la race abhorrée, c'est sur lui que l'on fondera tous les espoirs, c'est à lui qu'iront toutes les tendresses. 1. Cette face très importante et fort curieuse du problème n'avait pas échappé à l'esprit sagace de Napoléon. Pour éluder cette difficulté il avait songé à rétablir la polygamie aux Antilles. Ajoutons qu'il était un partisan déclaré des hommes de couleur qui, à cette époque, étaient certainement opprimés par les blancs. Voir : Œuvres de Napoléon sur la Révolution de Saint-Domingue, tome XXX.


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