Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

comme les races qui possèdent une si belle avance ont chance de la conserver pendant de longs siècles. C'est un fait : il faut nous y résigner. La diplomatie ne vit point de regrets, notre politique étrangère ne peut que s'orienter conformément aux nouvelles données, se plier aux événements et s'efforcer d'en profiter. Ce sera l'honneur durable d'un grand ministre de nos jours, si injustement méconnu à de certaines heures, d'avoir su le comprendre. D'ailleurs, quelle qu'ait été l'issue de ces luttes, aujourd'hui,une sorte de confraternité particulière existe entre le colon anglais et français des Antilles. Comme au Canada, l'union politique des deux races ne semble pas impossible. C'est un sujet sur lequel je reviendrai tout à l'heure. Mais au moment où je quitte cette mer des Antilles, après avoir vécu parmi les coloniaux des deux nations si longtemps rivales, qui, dans ces îles superbes vivent à la fois face à face et côte à côte, cette pensée profonde de Joseph de Maistre me revient à l'esprit : « Ces deux grands peuples, disait-il en parlant des Anglais et des Français, doivent à jamais s'observer, se jalouser, s'imiter, se développer à l'envi. Ils ne peuvent cesser de se chercher ni de se haïr. Dieu les a placés en regard


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