Aux Antilles : hommes et choses

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LA GUADELOUPE

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Samedi 7 avril.

A huit heures, hier, par le vapeur qui fait le tour de l'île j'ai quitté Basse-Terre. A midi nous entrions dans la Rivière Salée. C'est un bras de mer marécageux couvert d'arbustes courts, trapus, poussant à fleur d'eau sur des lagunes, si bas, si contournés sur eux-mêmes que notre bateau en passant couvre de limon leurs branches, les emplit des flots clapotants de son remous. Çà et là, plantée sur des pieux, une guérite de planches se dresse ; et l'on songe à quelque habitation lacustre des premiers âges. Ce sont des postes d'observation et d'affût. Les chasseurs guadeloupéens s'y embusquent, y viennent guetter les oiseaux de mer. Parfois, de ces guérites, un flocon de fumée blanche s'envole, un coup de feu retentit : un oiseau tombe. Deux ou trois barques noires se détachent d'un invisible abri glissent silencieusemnt sur l'eau plane et jaunâtre, puis disparaissent dans le fouillis des branches rampantes. Ce sont des chasseurs qui vont chercher leur gibier. Pendant deux heures on suit cette rivière salée, ce chenal étroit et boueux, puis tout à coup on


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