Aux Antilles : hommes et choses

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LA GUADELOUPE

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Une heure de descente pénible, sous la chaleur accablante, et nous atteignons les rives du torrent, au fond du ravin. Gomme dans une tombe de verdure nous y voilà ensevelis. Au-dessus de nos têtes les cimes des arbres se rejoignent, laissant à peine un trou de ciel bleu, semblable à l'étroite ouverture d'un puits. Sautant de rochers en rochers, passant à gué, tantôt nu-pieds, tantôt perché sur le dos de notre guide, nous allons d'une rive à l'autre. Puis nous faufilant, mettant à profit le moindre espace libre de terrain qui subsiste entre le cours rapide du torrent et les hautes murailles vertes qui l'enserrent, péniblement, nous avançons. La chute d'eau s'annonce par un ronflement sourd et qui croît d'instant en instant. Enfin, après un brusque détour du torrent, tout à coup elle apparaît. Son immense gerbe blanche semble une coulée d'argent au milieu des feuilles sombres. Là-haut, en passant sous ce ciel éclatant, lui prit-elle dans ses flots un peu de lumière pour apparaître si claire au fond de cette gorge noire, pour glisser ici sur toutes choses des reflets, des lueurs, et comme des échappées de jour. Sans cesse inondées, les larges feuilles des plantes brillent, luisantes, et comme vernies. Couvertes par des milliers de gouttelettes fines, les


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