Aux Antilles : hommes et choses

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AUX ANTILLES

fatigue très vite), il y a dans ces merveilleux pays une ressource toujours nouvelle : celle de se plonger en pleine nature. C'est ce que je fis cette après-midi. Dans ces Antilles le travail de l'homme consiste moins à violenter la terre pour lui arracher des récoltes qu'à la dompter, l'entraver dans son exubérante végétation. Les arbres fruitiers : orangers, citronniers, cacaoyers, croissent ici en plein sol, d'eux-mêmes. C'est à les débarrasser des plantes parasites que se réduit presque complètement l'activité de l'homme. Quelle antithèse avec ces grands plateaux dévastés du Transvaal que je parcourais il y a trois ans. Là une solitude immense, un sol dénudé, des horizons infinis. Chaque arbre, chaque eucalyptus isolé, qui se dressait çà et là, représentait un effort spécial, un travail particulier de l'homme. Il fallait une volonté pour créer; il la faut ici pour détruire, pour guider, pour modérer plutôt. Cela apparaît à la route qu'au trot rapide de mes deux petits chevaux antillais je parcours en ce moment. — Elle fut creusée en pleine forêt. De toutes parts les palmiers, les bambous, les gommiers, les figuiers la menacent, l'étreignent, l'envahissent. Sans la présence de ces noirs alertes, aux vêtements flottants et clairs,


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