Aux Antilles : hommes et choses

Page 188

176

AUX ANTILLES

pentes des monts, des nuages passaient dans cette vallée. Les arbres s'estompaient, disparaissaient un moment sous leurs avalanches de vapeurs. Le brouillard étendait partout ses flots de gaze et de mousseline. Puis la nue s'éloignait ; le soleil à nouveau scintillait. En mille paillettes ses rayons étincelaient sur les feuilles luisantes et les mousses humides. A cinq cents mètres des thermes, nous nous arrêtâmes; et nous déshabillant rapidement, accrochant nos effets aux branches nous plongeâmes dans l'eau vive. La sensation de ce bain tiède, en cette solitude, au milieu de cette nature vierge, dans ce merveilleux décor tropical devint, après quelques instants, une sensation étrange d'évanouissement. Il fallait agir, remuer, pour ne pas oublier que l'on vivait, pour ne pas s'abandonner et s'endormir. Et tout différait ici de ce qu'on trouve en nos contrées d'Europe, tout jusqu'à cette table qui dans un kiosque rustique nous attendait, sur laquelle s'empilaient des légumes, des fruits exotiques et délicieux, choux palmistes, ananas, mangues, bananes, ces petits citrons verts, ces jaunes oranges enfin, si fraîches, si odorantes, et dont sous les narines ouvertes je sentais monter la senteur.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.