Aux Antilles : hommes et choses

Page 184

172

AUX ANTILLES

de la civette, est d'une agilité, d'une rapidité de mouvements extraordinaires. Le corps allongé, le pelage brun ou jaune tiqueté de blanc, la queue en éventail, la tête fine, le museau étiré, pointu, il court, il saute, il détale, il disparaît en un clin d'œil. Surtout il faut le voir en présence de son ennemi mortel : le serpent. Parfois à Fort-deFrance, on les met en présence, dans une cage. Le duel commence. Le trigonocéphale n'attaque jamais. Rampant vers un coin, il s'y roule, et tête droite, sifflante, attend. Soudain, comme un ressort, la mangouste part, saute, et dans une attaque si brusque qu'on n'en peut surprendre les détails, saisit le reptile à la mâchoire inférieure, l'immobilise, la secoue, la désarticule et s'enfuit. Manque-t-elle son but? Aussitôt, avec la même agilité elle bondit en arrière, et quelques minutes plus tard reprend l'offensive. Rarement le serpent l'atteint; s'il y parvient, elle meurt. Et cet instinct n'est-il pas curieux qui pousse ce petit animal avec une telle impétuosité sur son redoutable adversaire ? » En écoutant ce discours, je ressentais un certain sentiment de bien-être, de sécurité. Mon pied se posait avec plus d'assurance dans les hautes herbes. — «L'île doit être aujourd'hui à peu près complètement débarrassée de trigonocéphales,


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.